mercredi 21 juillet 2010

La DSCR reste maître dans la manipulation des statistiques

Sécurité routière

L’information a été reprise dans tous les médias : le mois de juin 2010 a vu le nombre de morts baisser de 18.6% par rapport à juin 2009. Si on ne peut que se réjouir de cette baisse, cette noble cause qu’est la sécurité routière nécessite aussi de rappeler la réalité et de dénoncer les manipulations statistiques dont ce gouvernement est devenu un spécialiste.

Cette manipulation porte sur 2 points :

1. d’une part, et ce depuis 2004, le nombre de morts officiel est celui des tués à 30 jours, afin de faciliter les comparaisons internationales et d’être plus en phase avec la réalité. Auparavant, on comptait les morts à 6 jours que l’on multipliait par un coefficient de 1.069 pour approcher la réalité. Or, comment est-il possible de nous annoncer le 7 juillet le nombre de morts du mois de juin, soit seulement 7 jours après ? Tout simplement parce qu’on compare le nombre de tués provisoires en juin 2010 au nombre définitif de juin 2009 comme expliqué dans le baromètre de la DSCR. Donc pour être cohérent et toujours "approcher" la réalité, il faut multiplier par 1.069 ne nombre de tués de juin 2010. Dans ce cas, la baisse n’est plus de 18.6%, mais de 13.2%.

Prenons maintenant une hypothèse que d’année en année, le nombre de tués à 6 jours soit rigoureusement identique, 4000 morts par exemple, et donc 4276 morts à 30 jours. Vu que notre cher gouvernement prend l’habitude de comparer des chiffres provisoires à des chiffres définitifs, il nous annoncerait perpétuellement une baisse de 276 morts tous les ans (-6.9%) alors que le nombre de tués serait stable.

2. d’autre part, et c’est le plus grave, la comparaison a lieu avec le mois de juin 2009 qui fut catastrophique : +31.7% de morts par rapport à 2008. Donc dans l’état actuel, nous avons déjà 7.2% de morts en plus en juin 2010 par rapport à 2008, et si on passe en tués à 30 jours, on monte carrément à +12.6%. Mais chut, il ne faut pas le dire ! Mettre en avant de bons chiffres permet de justifier la répression que subissent les usagers de la route. Et puis si les chiffres sont mauvais, on pourra toujours dire que le comportement des Français se relâche et qu’il faut installer de nouveaux radars. Cela permet de faire plaisir aux ayatollah de la sécurité routière (LCVR et consorts) tout en remplissant les caisses de l’État.

A noter aussi que toutes ces données sont des données dites "brutes", non corrigées des variation saisonnières. On sait en effet que lorsque le temps est "pourri" (verglas par exemple), le nombre de tués baisse, car le trafic baisse et les conducteurs sont plus prudents. Ce qu’on a pu constater cet hiver, avec des baisses spectaculaires du nombre de tués. Si l’hiver 2010-2011 s’avère plus doux, on peut donc s’attendre à une augmentation du nombre de tués.