Coup d’oeil dans le rétro, épisode 4/12
La FFMC 89 de 1979 à 1984, la saga racontée par Philippe Bernard
Assises FFMC au Havre, 02 février 80
Les 2 et 3 février 80 se tiennent les premières « assises nationales du mouvement motard ». Le fait que M.Beck habite Le Havre n’est certainement pas étranger au choix de cette ville.
Tous les représentants des différents groupes ayant animé la contestation sont sur l’estrade, mais c’est Jean Marc qui tient le micro.
On remarque, à côté de lui, à sa gauche, notre coordinateur départemental, « notre » excellent Riton ! Preuve que notre section départementale occupe déjà une place importante.
Ca caille en ce début de l’année 1980 ! Alors les manifestations se calment mais pas les motards de l’Yonne.
Du 14 au 17 février 80 le Chouan, Pivert, le Père Jack et Moustache participent à la 1ère « Croisière Blanche, Les Cols Durs » organisée par Philippe Jambert dans les Alpes.
Cette première expérience (lucrative pour l’organisation) d’un rallye hivernal en conditions extrêmes leur donnera l’idée de créer la légendaire « Hivernale des Sénons » qui emmènera, sans débourser un centime pour les frais d’organisation, pendant vingt années consécutives, des centaines de motards sur les routes verglacées, parfois dans des conditions extrêmes, du Cercle Polaire aux confins des Carpates.
Mais ceci est une autre histoire que nous raconterons peut être un jour...
Assises FFMC à Lyon, 11 octobre 80
Ainsi donc, la FFMC a été en période de gestation entre le 29 septembre 79, date de la première manifestation des motards, et le 3 février 80, date des premières assises nationales.
Dans l’enthousiasme (et un désordre apparent) une organisation a, tout de même, vu le jour pour défendre la moto dans notre pays. Trente ans plus tard cette structure est devenue adulte et fédère encore les revendications des pratiquants de la moto. Belle réussite !
En cette année 80, en plus des préoccupations exprimées en automne 79 (permis, vignette, péages et TVA), il apparaît maintenant nécessaire de s’attaquer au problème du coût prohibitif des assurances motos. En effet, pour un jeune pilotant une grosse cylindrée, le montant de la cotisation annuelle peut dépasser facilement la valeur de la moto !
Dans le même temps, puisque le soleil se réchauffe, les motards de l’Yonne reprennent leurs festivités des beaux jours.
En avril, le Moto club « Les Bidons » organise son « Rallye des Bois » dans la campagne icaunaise (« icaunais » c’est l’adjectif attaché à l’Yonne. Le nom de la rivière était « Icauna » à l’époque gallo-romaine).
En mai, c’est le « Rallye des Taupes » qui emmène les motards dans les environs d’Auxerre.
Le « rassemblement des Helvètes » permet, en avril également, de retrouver les copains de Suisse sur les bords du Lac Léman. .
En juin, certains amis, comme « Père Plu » (notez les surnoms fleuris ; on trouve aussi, à l’époque, des Pupuce, Phoquy, Trouduc...), sont au Tourist Trophy sur l’ile de Man.
La Colère n’empêche donc pas les joyeux « roule toujours » de picoler sec, de fumer « comme des pompiers » et d’essorer plus que de raison la poignée de gaz des CG 125, MZ 125, SR 500, Guzzi V7 et autre SR 650 (à l’heure où j’écris ces lignes j’ai les photos des bécanes sous le nez). C’est encore une époque insouciante pour la jeunesse...
Les motards échangent des nouvelles par le truchement de la presse spécialisée (Moto Revue, Moto journal, Le Monde de la Moto) mais aussi grâce à des fanzines plus ou moins éphémères comme Moto Gazette, Les Gueux de Route ou Europe Moto Magazine. Internet, issue du réseau militaire américain, ne reliera les systèmes informatiques qu’à partir de 1990.
On voit, pendant cette période de 1980, qui va de février à octobre, des manifestations de protestation organisées localement par des associations de motards dans différentes villes (la FFMC toute jeune ne coordonne encore que les actions sur Paris).
En octobre c’est Limoges (le 4) qui voit des défilés de motards « en colère ». Mais aussi Bordeaux et Chambéry, le 25. Mais ce qui retient surtout l’attention c’est l’organisation, les 11 et 12 octobre, par le groupe « Moto Liberté » de Lyon, des 2èmes assises nationales du mouvement motard.
Lyon c’est la ville de Raymond BARRE, premier ministre. C’est un endroit symbolique pour exprimer le mécontentement vis-à-vis, notamment de la vignette moto.
Une concentration réunit, en marge des assises, un millier de motards. Le défilé, dans les rues de Lyon, rassemble 1500 participants.
C’est un nouveau succès pour le « mouvement ».
Un autocollant vert et hexagonal est proposé pour l’année 81, une « vignette » indiquant le refus des motards d’acquitter le montant de la taxe.
Puisque cette taxe est prévue pour les motos de 750 cm3 et plus, les machines de cylindrée supérieure à 750 affichent, sur leurs caches latéraux, deux autocollants « 650 » tandis que les motos de cylindrée inférieure sont équipées de sigles « 1000 ». Afin de tromper la maréchaussée.
En plus de la mise à disposition des vignettes vertes et des autocollants 650 et 1000, la FFMC a déjà affirmé sa présence par la publication, depuis le mois d’octobre, du mensuel d’information « Les Motards en Colère ».
Le succès des appels à manifestations étant confirmé, la deuxième édition des assises montrant l’engagement ferme des motards, les outils de communication se mettant en place, toutes les conditions semblent réunies pour intensifier la lutte contre la « Maudite Vignette » que 80% des motards concernés ont boycottée.
Les 20% de pratiquants qui ont acheté la vignette (le français est, tout de même, de nature craintive...), ceux-là, donc, la gardent au chaud dans leur porte feuille pour éviter d’être la risée des autres motards.
Peu de gens sauront donc à quoi peut bien ressembler ce malheureux auto collant qui n’aura vécu que quelques mois. Il est probable que, maintenant, cette vignette soit devenue un objet de collection qui peut se négocier (curieux détour de l’histoire !) bien au-delà de sa valeur d’achat !
Il n’échappe à personne que, dans 6 mois, se tient le scrutin pour les élections présidentielles. C’est le moment de harceler les élus de tous bords.
Les parlementaires de gauche savent que la partie est loin d’être gagnée (tout le monde, même Coluche, donne Giscard gagnant) et qu’il faut ratisser fin pour ne perdre aucune voix.
De son coté, le pouvoir de droite en place invite les forces de police à ne pas verbaliser les motards qui n’affichent pas la vignette sur leur machine.