vendredi 29 janvier 2016

Le préfet de l’Yonne pied au plancher sur les stéréotypes

Répression Sécurité routière

Hier avait lieu à la préfecture la réunion de la CDSR (Commission Départementale de Sécurité Routière). Au menu, présentation du bilan 2015 de l’accidentalité dans l’Yonne, premiers résultats de l’expérimentation à 80 km/h sur la RN151, bilan 2015 et perspectives du Plan Départemental d’Actions de Sécurité Routière.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que les échanges furent vifs à l’issue de la présentation du bilan 2015 des accidents de la route dans l’Yonne. Alors que le préfet déplorait la quasi-stagnation du nombre de tués sur les routes et du taux de gravité des accidents pour justifier la poursuite de sa politique répressive, l’un des représentants du comité départemental des retraités et personnes âgées de l’Yonne a eu l’outrecuidance d’en déduire que cette répression était inefficace. Quel crime de lèse-majesté ! Heureusement, tel un Shadock affirmant qu’il vaut mieux pomper d’arrache pied même s’il ne se passe rien que de risquer qu’il se passe quelque chose de pire en ne pompant pas, le préfet a répliqué en affirmant que les chiffres seraient encore pire sans toute cette répression. Circulez, y’a rien à voir.

Ce fut ensuite à la Fédération des Motards en Colère d’en prendre pour son grade. Alors que nous déplorions l’obsession pathologique pour le thème de la vitesse alors que celle-ci n’est en cause que dans 3% des accidents mortels en 2015 dans l’Yonne, nous avons eu droit aux images d’Epinal au sujet des motards en général, et de la FFMC en particulier. Selon M. le Préfet, c’est donc que nous voulons rouler vite. Peu importe si aucun motard n’est mort dans l’Yonne à cause de la vitesse depuis 2 ans, la vitesse est forcément le nirvana de l’affreux motard. C’est vrai que vouloir rouler à 90 km/h sur la RN 151, c’est être ivre de vitesse, surtout quand on constate que la baisse à 80 n’a pas permis de faire baisser le nombre d’accidents corporels. Dire qu’on ne veut pas de cette baisse, tout comme 73% des Français selon un sondage CSA [1] , c’est être des sans-cœur qui n’ont que faire de voir leurs concitoyens perdre la vie ou être gravement blessés sur les routes. Et bien sûr, quand on rappelle que le non-respect des règles (franchissement de bandes blanches, refus de priorités, etc.) et l’alcool au volant tuent 20 fois plus que les excès de vitesse, ce sont, dixit M. Moraud, les statistiques qui ne reflètent pas la réalité. Et quand on lui demande de diffuser ses chiffres qui sont en contradiction avec les chiffres de l’observatoire départemental, là encore il nous oppose une fin de non-recevoir. On est donc bien loin de l’esprit de concertation censé présider dans ce type de réunion.

Au final, nous savons à quoi nous en tenir. Plutôt que d’avoir affaire à un fonctionnaire soucieux d’entretenir un dialogue avec les usagers de la route, nous avons un VRP en charge de vendre les salades répressives produites place Beauvau. Cela n’était pas arrivé depuis quelques années, et cela ne nous avait pas manqué.