vendredi 23 juillet 2010

lettre ouverte au préfet

Répression

Monsieur le Préfet

Dans un article de l’Yonne républicaine daté du 22 juillet, vous vous exprimez au sujet de la sécurité des motards, et nous ne pouvions rester sans réagir. Alors que nous avions espoir que votre nomination dans l’Yonne donnerait un nouveau cap quant à la politique de sécurité routière vis-à-vis des usagers de 2 roues motorisés, nous constatons que vous persévérez dans la politique motophobe et inefficace de votre prédécesseur.

Dans l’article en question, fidèle à votre cheval de bataille qu’est la lutte contre les plaques d’immatriculation non homologuées et à vos préjugés sur un soit disant sentiment d’impunité des motards, vous annoncez une nouvelle vague répressive sur ce point. D’une part, il n’échappera à personne qu’une plaque non-conforme n’a jamais causé le moindre accident. Mais surtout, ce fameux « sentiment d’impunité » si cher aux représentants de l’Etat se révèle être un pur fantasme. Il suffit de visiter quelques forums moto sur internet pour se rendre compte que le sentiment qui prédomine chez les motards, c’est plutôt celui d’être systématiquement pointés du doigt et persécutés par les forces de l’ordre.
Comme nous vous l’avions déjà expliqué lors de notre précédent rendez-vous en décembre dernier, si certains motards équipent leurs motos de plaques trop petites, c’est essentiellement pour en préserver l’esthétique, à l’image des propriétaires de véhicules anciens. Verbaliser un motard parce que sa plaque est 1 centimètre trop petite, comme ce fut le cas à Coulanges sur Yonne lors du retour du Bol d’Or, n’aura strictement aucun impact en matière de sécurité routière.

Le second point que vous mettez en avant, et sur lequel nous vous rejoignons, est la vulnérabilité des 2 roues. C’est d’ailleurs ce que nos intervenants en collège ont expliqué aux quelques 550 adolescents qu’ils ont rencontré lors de nos opérations de sensibilisation pendant l’année scolaire 2009-2010.
Mais qu’a fait l’Etat sur ce point pour réduire notre vulnérabilité ? Dans l’Yonne, des glissières ont continué à être installées alors qu’aucune n’a été doublée sur le réseau national depuis au moins 5 ans. De son coté, le Conseil Général a réalisé les travaux de doublement sur la RD606 (ex-RN6) alors que les services de l’Equipement ne l’avaient jamais fait. De même, de nombreuses communes ont réalisé des aménagements routiers mettant en danger les usagers de 2 roues motorisés sans que vous interveniez. C’est le cas par exemple de la commune des Bordes qui a réalisé des chicanes avec séparateurs de voies, dont tout le monde, y compris au sein de vos services, a connaissance et reconnaît la dangerosité. On peut aussi citer les trop nombreux ralentisseurs non-conformes, les panneaux peints au sol, etc. Le respect des lois serait-il à géométrie variable, selon qu’on soit un élu ou un simple usager de la route ?
L’autre levier sur lequel l’Etat peut agir, c’est la prévention. Lors de notre entretien, nous avions évoqué les problèmes rencontrés pour la mise en œuvre du Plan Départemental d’Actions de Sécurité Routière (PDASR). Rien n’a évolué depuis : Le M.Moto et nous-mêmes n’arrivons pas à obtenir les informations sur les circonstances des accidents de moto dans l’Yonne, et les réponses à nos demandes de subventions arrivent en juin, ce qui est bien trop tard pour agir sur la sécurité des motards, le gros des déplacements ayant lieu durant l’été. Nous avions d’ailleurs demandé une prise en charge financière partielle de stages de perfectionnement à la conduite. Là aussi, l’implication de l’Etat avoue rapidement ses limites, puisque cette action ne sera pas financée. Pas rentable sans doute...

Enfin, nous vous avions remis plusieurs documents contredisant l’image d’Epinal du motard irresponsable et fortement accidentogène. Pour rappel, toutes les statistiques, qu’elles émanent des assurances, de l’Office National Interministériel de Sécurité Routière ou d’études indépendantes, prouvent :

- que les motards ont moins d’accidents que les automobilistes
- que dans les accidents impliquant motards et automobilistes, ce sont majoritairement ces derniers qui sont responsables
- que les motards ont moins d’accidents sans tiers identifié que les automobilistes, alors qu’ils sont plus sensibles à l’état du réseau routier.

Vous l’aurez compris, nous contestons votre présentation de l’insécurité des 2 roues, basée sur des préjugés et non sur des faits. La FFMC est engagée depuis 1 an dans la concertation du 2 Roues Motorisé lancée par la DSCR, et les participants sont maintenant forcés de constater que les propositions de la FFMC sont valables, ce que confirment les chercheurs travaillant sur la sécurité des 2 roues. Nous vous invitons donc à vous documenter sur le sujet, ce qui vous permettra d’axer la politique de sécurité routière vers des mesures efficaces et constructives sans que nous ayons à attendre un changement du pouvoir en place.