mardi 1er juin 2010

Coup d’oeil dans le rétro, épisode 6/12

30 ans de la FFMC

La FFMC 89 de 1979 à 1984, la saga racontée par Philippe Bernard

« Fête de la Jeunesse », 28 mars 81

Le 28 mars, le candidat Giscard organise à Paris ce qu’il appelle « La Fête de la Jeunesse ».
Puisque les motards sont jeunes (à l’époque !), ils décident de venir à cette réunion sans y être vraiment invités.
Ils sont 5000, rien que cela ! Et, sur le chemin qui les mène à la fête, ils « empruntent » la statue de cire du président-candidat au musée Grévin. Statue qui prend place dans un side car, en tête du défilé.
Les cordons de CRS empêcheront, bien sûr, le cortège d’atteindre le lieu des festivités. Alors, les manifestants remettront « aux admirateurs musclés du prince du dialogue, cette muette caricature » (dixit Les Motards en Colère », n°4).
La Fête de la Jeunesse passera donc inaperçue auprès des médias tandis que le voyage en side car du Président de cire sera relaté par tous les journaux. Ca, c’est de la com’ !

La stupeur, 10 mai 81

Le 10 mai 81, juste avant 20:00, toute la France attend fiévreusement, devant les écrans de télévision, la proclamation des résultats du vote des français pour les élections présidentielles.
Un peu au sud du département de l’Yonne, à quelques dizaines de kilomètres au delà de la « frontière », la « capitale » du Morvan est encore plus anxieuse.
C’est, en effet, à Château-Chinon, dont le maire s’appelle François Mitterrand, que les proches du candidat et le candidat lui-même ont choisi d’attendre l’image du vainqueur qui va apparaître progressivement sur les écrans.
Mitterrand et ses proches sont rassemblés à l’hôtel « Au Vieux Morvan ». Cet hôtel est la résidence et le QG du maire qui n’a jamais possédé dans la commune qu’un malheureux étang, acheté uniquement pour que son propriétaire soit éligible à Château Chinon.
Lorsqu’on découvre sur les écrans le portrait de François Mitterrand c’est la stupeur dans toute la France. A Château Chinon on n’en croit pas ses yeux.
Ensuite, c’est un mouvement d’immense liesse populaire qui submerge « Le Peuple de Gauche ». Et les espoirs les plus fous, à gauche, se mêlent aux craintes les plus déraisonnables, à droite.
Dès le lendemain, commence « L’Etat de Grâce », comme on l’appellera, qui durera trois ou quatre mois et dont l’Etat socialiste ne profitera pas vraiment pour mettre en œuvre ses réformes dans une France qui est prête à tout accepter dans la joie ou le fatalisme. Mais ceci est une autre histoire...

Valéry Giscard D’Estaing n’a plus qu’à prononcer devant les caméras de télévision son célèbre et pathétique « Au revoir ».

Pour les motards, de gauche comme de droite, il existe maintenant, de toutes façons, une certitude : la vignette moto est morte et enterrée et c’est une grande victoire !

Le cheval de bataille de la FFMC, maintenant, c’est la mutuelle des motards « Solidarité », comme on l’appelle à l’époque. Tous les efforts de la FFMC se concentrent, pendant l’été et l’automne 81, à rassembler le fonds de garantie de 5 000 000 F réclamé par la Loi.
Dès le mois d’octobre 81 les chèques de 250 F affluent sur le compte bloqué ouvert par la FFMC pour la création de ce fonds de garantie.

250 F (plus 30 F pour les frais de gestion), à l’époque, ce n’est pas rien. Rappelons qu’une moto neuve de 1000 cm 3 coûte 2500 € en 81. Cette somme correspond à 150 € en 2010. Et elle ne donne droit à rien d’autre qu’une carte de membre fondateur, qui sera remise beaucoup plus tard lorsque la mutuelle sera installée en Corse (comme celle que le Père Jack a conservée précieusement) ... et à la satisfaction du devoir accompli, bien sûr !

18 décembre 81, réunion Mutuelle des Motards

Le « bureau » (entre guillemets car il n’a aucune existence légale) de la FFMC 89, maintenant bien structuré, organise, le 18 décembre 81, une réunion d’information afin d’inciter les motards du coin à verser leur participation pour la création de la Mutuelle. Des cotisations de 250 F, il en faut 20 000 pour rassembler le fonds de garantie !
La « bande des quatre » choisit de tenir cette réunion, non pas dans une obscure salle des fêtes ou dans un bistrot mais au grand jour, dans le cadre prestigieux des salons de l’hôtel de ville de Sens. Quand on a l’ambition de rassembler la somme de 5 000 000 F on ne l’annonce pas en catimini !

Des articles de presse et des affichettes informent les motards de l’Yonne de la tenue de cette réunion d’information. Et, malgré un froid sibérien et un superbe verglas, un quarantaine de personnes bardées de cuir et de vêtement chauds viennent écouter les explications données sur cette hypothétique création d’une compagnie d’assurance gérée par les motards.
La presse locale se fait largement écho de cette présentation. Il faut dire que les coordinateurs formant le bureau de la FFMC 89 ont, depuis un certain temps, largement « infiltré » le milieu des médias du département et qu’ils ont compris que, pour être publié, il fallait mâcher le travail du journaliste en lui fournissant directement le texte de son article !

Un lieu prestigieux, des articles tout prêts, quand on défend un projet aussi insensé que celui-ci (personne ne croit à sa réussite) il faut mettre les moyens pour convaincre les défaitistes.