Baisse de la fréquentation des autoroutes
Le chiffre vient de tomber : la fréquentation du réseau autoroutier a baissé de 4% en juillet par rapport à l’an dernier (-2% sur les 6 premiers mois). Pointée du doigt, la "fameuse" baisse du pouvoir d’achat, qui inciterait les Français à éviter l’autoroute. Cependant, ce raisonnement ne parait pas pertinent, puisqu’en juin, la consommation de carburant en France a baissé de 10%. Nous pouvons donc en déduire que les Français ont limité leurs déplacements, et pas seulement sur autoroute. Car il parait peu probable que les véhicules soient devenus sobres d’un seul coup...
Alors que les tarifs des péages sont mis en cause, le directeur d’exploitation des Autoroutes-Paris-Rhin-Rhône s’est empressé de défendre son employeur, soulignant que les tarifs autoroutiers ont augmenté de "seulement 3%". La vérité est pourtant tout autre. Tout d’abord, si elle est si "limitée", c’est simplement que les sociétés d’autoroute n’ont pas le choix, l’augmentation des tarifs étant encadrée. Mais elles ont habilement contourné le systeme. En effet, ces 3% n’étant qu’une moyenne, la combine est toute trouvée : stabiliser voire diminuer les tarifs sur les sections peu fréquentées pour mieux augmenter les tarifs des sections où la circulation est élevée.
Extrait du rapport de la cour des comptes de février 2008 :
"Les hausses de tarifs ont particulièrement touché les trajets complets. Ainsi, sur le réseau Sanef, le prix du parcours Roissy-Lille, sur l’autoroute A1, a augmenté de 4 % par an de 2003 à 2006 contre 1,9 % par an pour l’ensemble du réseau de ce concessionnaire. A l’inverse, les tarifs sur les trajets Senlis-Péronne et Senlis-Albert, inclus dans ce parcours, n’ont pas varié. Autrement dit, la hausse a porté en priorité sur les flux principaux.
Le trajet Paris-Rouen, sur l’autoroute A13 (SAPN), a vu son prix croître de 4,3 % par an de 2002 à 2006 contre 2,6 % en moyenne sur ce réseau.
Sur le réseau ASF, les trajets complets Vienne-Orange (autoroute A7 nord) et Montpellier-Narbonne sud (A9 centre) sont quelque 30 % plus coûteux au kilomètre que les trajets Montélimar-Orange (7,50 cts/km contre 5,81 cts/km) ou Agde-Narbonne sud (7,35 cts/km contre 5,68 cts/km) qu’ils
incluent respectivement.
Sur le réseau APRR, le trajet complet Beaune-Lyon de l’autoroute A6 sud a vu son prix progresser de 3,4 % par an en moyenne depuis 2002 contre 2,3 % pour le réseau et 0 % depuis au moins 1999 sur le trajet intermédiaire
Tournus-Mâcon nord, le moins cher. Le trajet complet Fleury-Beaune, sur l’A6 nord, coûte 7,27 cts/km alors que le parcours Pouilly-en-Auxois-Beaune, qu’il inclut, est tarifé 5,95 cts/km.
Depuis 2005, ASF a relevé les péages des trajets complets Orange-Montpellier (autoroute A9 nord) et Nantes-Bordeaux de respectivement 3,9 et 3,1 % par an contre 2,0 % pour la moyenne du réseau."
Encore une fois, on voit que la sécurité des usagers de la route est sacrifiée (les autoroutes étant le réseau le plus sûr) au profit de la rentabilité des actionnaires qui se frottent les mains depuis que l’Etat a bradé ces structures.
Cependant, si les sociétés d’autoroutes souhaitent voir repartir à la hausse leur fréquentation en septembre, nous leur proposons d’annoncer la gratuité des autoroutes pour les motards à l’occasion Bol d’Or...